La vice-présidente de la Banque mondiale, en visite en Mongolie, s'enquérit du soutien accordé au projet « 100 000 gers solaires » qui a pour but de fournir de l'électricité propre et peu onéreuse aux bergers nomades.
Un demi-million de personnes, soit la moitié de la population rurale et 70 % des bergers, ont aujourd'hui accès à l'électricité grâce à des installations solaires domestiques portables et bon marché.
L'électrification favorise l'éclosion d'un nouveau marché pour les appareils électroniques et dynamise l'économie rurale.
Environ un quart des 2,8 millions d'habitants de la Mongolie sont des nomades qui se déplacent dans les vastes steppes du pays et vivent de l'élevage - yacks, vaches, moutons, chèvres, chameaux... Ces bergers ont conservé leur habitat traditionnel : la célèbre yourte, ou ger en mongol. Ils mènent une vie simple qui perdure depuis des siècles. Jusqu'à récemment, c'était aussi une vie sans électricité.
Jusqu'à récemment seulement car l'installation de systèmes solaires domestiques hors réseau vient de transformer la vie de quelque 100 000 familles de bergers, qui peuvent désormais non seulement s'éclairer mais aussi écouter la radio et regarder la télévision, utiliser des petits appareils électroménagers et recharger leurs téléphones portables.
Cette transformation a été rendue possible grâce à un programme entrepris par le gouvernement mongol avec le soutien de la Banque mondiale et des Pays-Bas. Le « Programme national d'électrification solaire de 100 000 gers » a permis à plus d'un demi-million d'hommes, de femmes et d'enfants, soit la moitié de la population rurale de Mongolie et 70 % des bergers, d'avoir accès à une source moderne d'électricité.
« Nous sommes fiers de participer à ce projet, qui permet à 500 000 personnes, soit la moitié de la population rurale de Mongolie, d'avoir l'électricité grâce à des installations solaires domestiques portables et bon marché », souligne pour sa part Pamela Cox, vice-présidente de la Banque mondiale pour la Région Asie de l'Est et Pacifique, lors de sa première visite en Mongolie. « Aujourd'hui, les enfants peuvent faire leurs devoirs le soir, les familles peuvent regarder la télévision et recharger leur téléphone : elles sont désormais connectées au monde tout en demeurant nomades. C'est l'une des nombreuses idées novatrices que nous mettons en oeuvre sur le terrain afin de rendre la croissance plus inclusive ».
« Il y a quelques années, les bergers mongols utilisaient encore des bougies et des lanternes, explique Baatar Khandaa, lui-même berger. La différence entre la vie d'alors et celle de maintenant, c'est comme le jour et la nuit. Je pense qu'aujourd'hui la qualité de vie dans les steppes est à peu près la même qu'en ville. »
Désormais, les familles peuvent se détendre et passer du temps ensemble le soir, sous les lumières électriques. Les enfants peuvent s'instruire grâce à la lecture et à la télévision. Pour les bergers, l'accès à la radio et à la télé signifie pouvoir prendre connaissance des bulletins météorologiques et mieux gérer leur bétail, tandis que l'utilisation de téléphones portables leur permet de se renseigner sur les cours du marché de la laine ou du cachemire.
Le programme a fourni des installations solaires domestiques portables, et donc adaptées au nomadisme des bergers, qui peuvent facilement les monter et les démonter au gré de leurs déplacements. Le projet a consisté à faire acheter les installations solaires par les bergers, une subvention couvrant environ la moitié des coûts. Cette approche équilibrée a permis à la fois de rendre les dispositifs abordables et de multiplier les ventes.
La difficulté était d'atteindre les familles vivant dans les vastes régions reculées du pays. C'est pourquoi le projet a mis en place 50 centres privés de vente et de service après-vente, répartis dans toute la Mongolie. Le personnel de ces centres a été formé à la vente d'installations solaires domestiques certifiées, afin que les bergers puissent acheter en toute confiance. La formation a aussi porté sur la réparation et l'entretien des dispositifs, indispensables pour pérenniser les bienfaits du programme.
Pour élargir leur portée, les centres de vente et de service après-vente se sont associés à un réseau préexistant d'agents de l'administration villageoise, présent dans 342 villages. Grâce à ce partenariat public-privé efficace, le projet a pu vendre des installations solaires dans toutes les régions reculées du pays.
Aujourd'hui, alors que des dizaines de milliers de clients sont équipés de ces installations, les centres constatent une augmentation de leurs ventes de radios, téléviseurs, bouilloires et autres petits appareils électroménagers que les foyers nouvellement électrifiés souhaitent eux aussi posséder.
« L'essentiel, c'était de s'appuyer sur les efforts déjà déployés par le gouvernement, observe Migara Jayawardena, spécialiste senior de l'énergie à la Banque mondiale. On s'est également inspiré de la réussite d'autres projets d'électrification rurale et d'énergies renouvelables menés dans des pays comme la Chine, le Bangladesh et le Sri Lanka pour en tirer des bonnes pratiques et des enseignements, et les adapter aux spécificités de la Mongolie. »
Pour la Mongolie, une électrification hors réseau reposant sur l'énergie solaire est apparue comme une solution viable pour desservir une population rurale nomade dispersée sur un territoire de plus de 1,5 million de km². Le programme a fourni 100 146 dispositifs solaires domestiques, tout en développant un réseau d'approvisionnement durable formé d'entreprises locales sur lesquelles l'État pourra s'appuyer pour atteindre son futur objectif : l'électrification de toute la population rurale d'ici à 2020.
« Les dispositifs solaires domestiques sont devenus courants », observe D. Zorigt, ministre des Ressources minérales et de l'Énergie au moment de la mise en oeuvre du projet, de 2008 à 2012.
Le Projet de promotion des énergies renouvelables et d'électrification des zones rurales a été financé par un don de 3,5 millions de dollars de l'Association internationale de développement (IDA) - le fonds de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres -, un don de 3,5 millions du Fonds pour l'environnement mondial (FEM) et un don de 6 millions du gouvernement des Pays-Bas, avec une assistance à la mise en oeuvre du Programme pour les énergies de substitution en Asie (ASTAE), programme de fonds fiduciaire multidonateurs administré par la Banque mondiale.
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