La taxation des cellules et panneaux photovoltaïques chinois, que la Commission européenne doit soumettre au vote des États membres de l’Union d’ici début juin, vise à corriger l’inégalité de concurrence entre des producteurs européens soumis à de sévères pressions financières, et des fabricants chinois qui opèrent en dehors des contraintes du marché grâce au soutien des banques nationales.
Le sujet est sensible pour Beijing, dont les producteurs d’équipements photovoltaïques ont été mis à mal, autant que leurs concurrents étrangers, par l’effondrement des prix de ces équipements en 2012, comme l’a illustré la faillite de Suntech, ex-numéro un chinois et mondial, en mars dernier.
La réaction chinoise ne s'est du coup pas fait attendre : Beijing a brandi, via l’agence Chine Nouvelle, la menace d’une "guerre commerciale" ; avant que le ministère des Affaires étrangères reprenne la même problématique en des termes plus diplomatiques – mais avec l’appui de l’annonce d’une première enquête antidumping, portant sur les tubes sans soudures importés, entre autres, de l’UE.
Mais le sujet est encore plus sensible, et urgent, pour les producteurs européens qui n’ont pas été emportés par la vague de l’an dernier. Là où le système financier chinois soutient les équipementiers nationaux dans l’attente d’une reprise, c’est la faillite qui menace leurs concurrents européens à court terme.
Les points de pression chinoise
Parmi ceux-ci, le plus important et le plus exposé de ceux qui ont survécu, est l’allemand SolarWorld, à l’origine de la plainte déposée auprès de la Commission européenne. Et pourtant, c’est sur l’Allemagne que la Chine va peser pour essayer d’empêcher une taxation européenne.
Face aux 21 milliards d’euros d’importations européennes d’équipements photovoltaïques chinois (en 2011, avant l’effondrement de 2012) susceptibles d’être affectés par les taxes proposées par la Commission, Berlin aura en tête les presque 20 milliards d’euros d’exportations automobiles (composants et véhicules) et les 15 milliards d’euros d’équipements industriels, tous made in Germany, absorbés par le marché chinois en 2012. L’Allemagne, dont les exportations vers la Chine pèsent autant que celles cumulées de ses huit plus importants partenaires au sein de l’Union (France, Italie, Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas, Espagne, Suède et Autriche), et pour plus de la moitié du total de celle-ci, sera clairement la principale cible des pressions chinoises pour empêcher une action européenne.
La question sera d’autant plus sensible pour Berlin, mais aussi pour d’autres membres de l’Union, qu’à la dimension commerciale s’est ajoutée depuis la crise financière l’importance des investissements industriels chinois. Depuis deux ans, ceux-ci ont sauvé de la faillite plusieurs entreprises européennes importantes outre-Rhin – mais aussi en Suède, au Royaume-Uni, au Portugal, en Pologne… Les enjeux d’une hypothétique "guerre commerciale" vont de ce fait bien au-delà du seul secteur photovoltaïque.
"Tout ou rien" ? Le contre-exemple américain
Pour autant, l’Union européenne ne doit pas céder au chantage du "tout ou rien". Le marché européen est trop important pour l’industrie chinoise pour que la Chine puisse se permettre cette approche. Et pour s’en convaincre, il suffit de se pencher sur le cas américain.
Autre marché majeur, avec l’Union européenne, pour les exportateurs chinois, les États-Unis ont adopté ces dernières années une attitude nettement plus marquée par la confrontation commerciale avec la Chine. Dans le photovoltaïque – où des taxes basées sur les mêmes motivations que celles avancées par la Commission européenne aujourd’hui sont en vigueur depuis 2012, et ont permis notamment de remettre en selle First Solar, le leader américain du secteur –, mais aussi dans d’autres domaines (équipements de télécommunications, hydrocarbures, technologies à usage dual civil et militaire), Washington n’a pas hésité à s’opposer à la progression chinoise.
Or cette confrontation ponctuelle n’a remis en cause ni les positions commerciales américaines en Chine (qui ont progressé au même rythme que celles de l’Europe), ni les investissements industriels chinois aux États unis, dans des domaines intéressant Beijing et non soumis à veto de Washington (véhicules électriques, énergies nouvelles, aéronautique civile…).
La bataille engagée autour du photovoltaïque aujourd’hui aura donc valeur de test général pour l’Union européenne. Soit elle accepte de s’engager dans une relation complexe avec la Chine, sortant de la vision simpliste du "tout ou rien" et intégrant au cas par cas la coopération ou la confrontation. Soit elle cède à la pression chinoise et accepte de se cantonner au seul rang de marché, privé de toute possibilité de politique industrielle.
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